TOUROUA
Y aller
Au lieu dit « kilomètre 5 »
De Garoua à Ngong
Coût de transport : 7 00f CFA
De Ngong à Touroua
Coût de transport : 2 000f CFA
Moyen de transport : petite voiture
Etat de route : 40 km bitume et 68km en latérite
Distance : 108km
Durée du trajet : deux heures
Structures d’hébergement : inexistantes
Repère
Date de création : le 2 janvier 1994
Superficie : 1 070km²
Population : 37 433 habitants
Principaux groupes ethniques : Bata, Fulbé, Namdji, Kollé
Quand on évoque le nom Touroua, un seul mot nous vient à l’esprit. Le lamidat. Cette chefferie de 2ème degré qui existe depuis plus d’un siècle, s’est farouchement opposée à l’administration coloniale. Situé à environ 108 km au sud-ouest de Garoua, le chef-lieu du district du même nom est resté trop imbriqué à la chefferie traditionnelle.
L’enclavement de la localité et le poids de sa tradition. La chefferie traditionnelle de Touroua, qui existe depuis l’époque coloniale, a été pour beaucoup dans l’enclavement de cette ville coloniale.
Dans ce district situé à 108 km de Garoua, la métropole provinciale du Nord, la vie tourne au ralenti. Mais deux points essentiels animent le quotidien des populations. Il s’agit notamment de ce qui tient lieu de gare routière et du fleuve Faro.
A la gare routière, lorsque vous débarquez pour la première fois dans la localité, des hommes, des montagnes de billets de banque dans les mains, vous accueillent. A côté du franc CFA qu’ils prennent le soin de bien dissimuler dans leurs gandouras, l’on découvre une devise étrangère. Le Naira , la monnaie nigériane, est fortement utilisé ici. De l’autre côté de la ville, c’est tout un autre scénario. Le bord du fleuve Faro est bondé tous les jours. Pirogues à moteur et à pagaie se bousculent soit pour embarquer, soit pour débarquer. Pendant ce temps, certains badauds s’attèlent à décharger les marchandises qui viennent de l’autre côté du fleuve, du Nigeria voisin. D’autres par contre se pressent au chargement des pirogues déjà vides avec des produits locaux tels que mil, maïs, arachide, niébé et même de la peau sèche, venant de l’Adamaoua. Ce melting-pot ressemble fort bien à la celui d’un marché noir, pratiqué à la lumière du jour. Et pourtant, c’est bel et bien sur ce fleuve que transitent des milliers de voitures de seconde main, venant du Nigeria. C’est aussi à cet endroit que la douane a installé un poste de contrôle. En effet, sur 100 millions de CFA collectés par le secteur de douanes du Nord en une année, dix millions proviennent de la localité de Touroua. D’où ce fort déploiement de la douane.
Le Grenier agricole
Le district de Touroua, qui est une jeune unité administrative se trouve dans l’arrondissement de Tchéboa, département de la Bénoué, province du Nord. Il partage une frontière avec la République fédérale du Nigeria. C’est essentiellement avec ce voisin que s’effectuent les transactions commerciales de ses habitants. Ici, vivent plusieurs ethnies, principalement les Bata, Fulbé, Namdji et Kollé. La région de Touroua est favorable aux activité&s agricoles, d’où la forte présnce d’une communauté de migrants, notamment les Toupouri, Massa, Mada, Mafa, Moundand, Guidar, venus de l’Extême-Nord. L’hégémonie de la chefferie traditionnelle dans cette partie du pays est visible sur les communautés. S’étendant sur une superficie de 1 070km², le district de Touroua est particulièrement « gaté » en termes de richesses naturelles. Les potentialités agro-pastorales font de ce territoire, l’un des greniers agricoles de la région. Ici, l’on cultive du maïs, de l’arachide, du riz, du sorgho, du coton là, se pratique l’élevage des bovins, ovins et caprins. Mais une fois transformé en produit fini, le fruit de tous ces efforts prend la direction du Nigeria voisin, où en retour, des produits manufacturés leur sont vendus.
Conflits agro-pastoraux
Mais comme toute nouvelle unité administrative frontalière, le district d Touroua est confronté à divers problèmes. Outre le phénomène de l’insécurité que vivent quotidiennement les populations, la ville de Touroua connaît un retard criant sur le plan du développement.
Sur le plan social, la localité ne dispose pas d’eau courante et les populations se procurent cette denrée à travers les puits traditionnels, les Mayos et les forages. Une soixantaine de puits existent sur l’ensemble du district, dont certains nécessitent une réhabilitation urgente. Dans le domaine de la santé, deux centres de santé intégrée, l’un public et l’autre privé, s’attèlent à procurer des soins aux quelque 37 433 habitants du district. Il faut se rendre à Garoua, à 108km de là, pour les cas les plus graves.
S’agissant de l’éducation, une école maternelle, neuf écoles publiques, six écoles de parents d’élèves et quatre écoles privées constituent la carte scolaire de la localité. Après l’obtention du BEPC, les élèves du CES doivent aller poursuivre leurs études à Ngong, localité située à 70km. Cependant, la région reste la moins scolarisée avec seulement 4 572 élèves inscrits sur près de 17 000 enfants en âge de scolarisation.
Cependant, les autorités locales ne baissent pas les bras et entreprennent des actions pour relever le niveau de vie des populations. Parmi les solutions propoisées en ce moment, l’on parle de la création et du fonctionnement des nouveaux centres de santé, de l’érection du CES en lycée, de l’électrification du district, de l’entretien permanent de la route principale Ngong-Touroua, de la construction de la brigade de gendarmerie, de l’implantation des réseaux de communication entre les autres. Mais déjà, l’on peut observer sur les hauteurs de la ville, le pylône d’un opérateur de téléphonie mobile, qui pourrait être fonctionnel dans les tout prochains jours. Mais en attendant, les populations de Touroua continuent à communiquer à partir d’un réseau de téléphonie mobile nigérian, à un prix très démocratique. Même si par moments, ce réseau leur cause beaucoup de désagréments.
L’omniprésence du BIR
Un premier, un deuxième, un troisième, puis un quatrième passager entrent du côté du siège du chauffeur. Au siège arrière, un voyageur, visiblement à son tout premier trajet, s’interroge : « y a-t-il deux chauffeurs pour ce véhicule ? «. Pour route réponse, le véritable chauffeur qui vient de prendre le volant, répond par un sourire narquois. Et pourtant, tout laisse croire que notre chauffard est vraiment mal assis, puisque son voisin immédiat est presque installé sur ses cuisses. Pour faire rouler le véhicule, notre homme effectue toute une gymnastique pour manipuler le levier de la vitesse, qui se trouve dorénavant entre les cuisses du voyageur et « voilà, on fait avec », ajoute un autre voyageur assis à l’arrière du véhicule et dans les mêmes conditions. Voilà l’image quelque peu extravagante de l’ambiance du voyage, qui prévaut sur la route qui mène à Touroua. Partis de Ngong, dans une petite voiture d’une autre époque, et serrés comme des sardines, les voyageurs qui effectuent le déplacement se sentent toujours mal à l’aise. Ils ont en tout cas une seule chose dans la tête. Arriver le plus tôt possible à destination.
La voiture ne démarre à peine, qu’un gendarme posté non loin de la route, demande au conducteur de s’arrêter. Le véhicule est alors passé au peigne fin et chaque passager décline son identité ainsi que l’objet de son voyage. Ensuite, le chauffeur repart promptement, sans pour autant oublier de glisser « un pigeon » à notre contrôleur. Quelques kilomètres plus loin, le véhicule s’arrête de nouveau à un tournant, non loin de la route. Ici, se trouvent deux jeunes hommes en tenue civile et armés jusqu’aux dents. Le chauffeur du véhicule demande alors à tous les passagers de chercher au fond de leur poche, quelques pièces de monnaie, dans le but d’encourager ces éléments du BIR. Et sans le rappeler deux fois, l’argent sort spontanément de chaque bourse. Plus tard, l’on nous informe de la présence de ces éléments tout le long du trajet. Une manière de dissuader les coupeurs de route et les malfrats, très présents dans cette partie du pays. Un dernier détour après le radier, et enfin, voici Touroua. Mais avant de pénétrer dans la ville, c’est le même scénario qui se passe comme au départ du carrefour Ngong. Chaque passager décline son identité et précise le but de son voyage dans cette localité, limitrophe à la République fédérale du Nigeria.
Quelle représentation faites –vous dans cette localité et sa population
Les populations du district de Touroua sont accueillantes, dynamiques et travailleuses. Ce sont des gens entreprenants et très solidaires. Limitrophe au Nigeria voisin, cela procure à Touroua beaucoup d’atouts, surtout économiques. La preuve est que 10% des revenus du secteur des douanes de la province du Nord sortent de Touroua. Ce qui veut dire par exemple que sur les 100 millions que le secteur Nord encaisse, dix millions proviennent de la localité de Touroua. Ce n’est pas négligeable.
Touroua est également une zone propice à l’agriculture et à l’élevage, raison pour laquelle les populations de l’Extrême-Nord ont immigré à Touroua pour faire l’agriculture. Et toute la localité est d’ailleurs propice aux activités agricoles. Le chepel bovin est aussi considérable. Du côté touristique, le fleuve Faro et le fleuve de la Benoué se rencontrent à Touroua, pour former un seul. C’est ainsi que les gens viennent de loin pour apprécier le croisement de ces deux fleuves. En dehors de cette merveille, nous n’avons pas d’autres sites touristiques à viabiliser. Cependant, il existe dans les brousses environnantes de Touroua des éléphants et autres pachydermes. Les agents des eaux et forêts sont venus ici il y a pas longtemps pour faire une évaluation de ces espèces, de concert avec l’école de Faune de Garoua. Ce qui constitue également un atout touristique. Malheureusement, nous enregistrons chaque année des dégâts énormes causés par ces animaux sur les plantations. Et nous sollicitons toujours le préfet à travers les services techniques des Eaux et Forêts pour nous secourir.
Problèmes, quels sont les plus cruciaux que connaît cette unité administrative ?Comme de manière générale dans le département de la Bénoué, le problème préoccupant est celui de l’insécurité. Et le district de Touroua n’est pas épargné.
La lamido de Touroua : 100 ans d’histoire
A cette époque, Touroua dépendait encore de Poli, aujourd’hui chef lieu du département du Faro.
Poste frontière
La localité est située en effet à sept kilomètres environ de la République Fédérale du Nigeria. Dans certains marchés du coin, le naira, la monnaie nigériane règne en maître reléguant parfois au second plan notre cher franc.