Sala Bekono : le maître de l’Ossas
Une lanterne dans la brume vocaliste impressionnant, il avait cette capacité à chanter aux limites de l’éraillement et dans le respect des nuances, éprouvant alors les cordes vocales d’interprètes mal exercés. Nlombi Enyan, Ossas de la rigueur, otil ma sont des tubes parmi tant d’autres, qui continuent de faire danser, sans connaître la moindre ride. Normal ! Artistiquement, il quêtait constamment la perfection. L’un des secrets de ce succès réside certainement aussi dans la capacité qu’avait l’homme à interpréter le quotidien, sous ses facettes légères et graves, dans le mélange très artistique de dérision et de sérieux. La gestion calamiteuse de la chose publique, la pauvreté, les querelles au foyer, les escapades amoureuses ou même, l’envie de prendre la bière, tout y passait. Sans être un piètre saltimbanque de trottoir, sala s’y inspirait allègrement. D’ailleurs, à ses débuts, c’est sur ces trottoirs de Yaoundé que le bonheur le rencontrera, lui joueur de balafon venant de son loum natal, par Akonolinga. Il croise alors le chemin d’un certain Messi Martin qui manifeste de l’intérêt pour ce talent « sauvage ». Sous son tutorat, sala intègrera le groupe « Los Camaroes » avec qui il commettra un premier album collectif en 1982. Il y composera notamment les titres belon salla et miss ya Ntem. Sala revient au-devant de la scène en 1987, pour son premier album solo intitulé Ngon Evina. Il se fait accompagner pour la circonstance par les célébrissimes « têtes brulées ». L’album fait un carton et l’artiste croule sous les invitations. Il passe ses nuits de cabaret en cabaret flanqué de copains artistes, jusqu’aux premières lueurs du jour pour le bonheur des noctambules. Et cette vie de fantôme prendra plus tard la forme d’un groupe « Les zombis de la capitale ». Los Camaroes, il quitte les « zombis » mais garde le rapport, professionnel et amical. Ce dernier groupe l’accompagne d’ailleurs pour la réalisation de ses autres tubes. Nlombi Enyan ( Ossas) en 1989, griffe en 1992, Ossas II avec le titre Otil ma en 1994, et commonwealth en 1996. Les alliances et autres pactes, il ne les aimera pas beaucoup. C’est ainsi qu’il n’est jamais parvenu à tenir dans un groupe ou à s’unir officiellement à une femme. Il a d’ailleurs légué à la postérité deux fils reconnus, et des mères différentes. Actuellement un seul est en vie. C’est le jeune Raphaël « Junior » Sala Sala, véritable sosie de son géniteur. Il s’exerce lui aussi dans la musique et compte approfondir le créneau balafon par lequel son feu père vint à la gloire.