Paul BIYA vient d’être élu Président de la République par une majorité absolue de 71,28% à l’issue du scrutin du 7 octobre 2018. La proclamation des résultats est intervenue le lundi 22 octobre
2018.
Au regard de l’article 7, alinéa 1 de la Constitution, sa prise de fonction s’opère par prestation de serment « devant le peuple camerounais, en présence des membres du Parlement, du Conseil Constitutionnel et de la Cour Suprême réunis en séance solennelle ». L’article 140 du Code Electoral indique que la prestation de serment intervient dans un délai de 15 jours à compter de la date de proclamation des résultats.

En principe, Paul BIYA a jusqu’au 6 novembre 2018 pour prêter serment. Toutefois, son mandat actuel ayant commencé le 3 Novembre 2011, il devrait se terminer au plus tard le 3 Novembre 2018. De plus, le contexte sécuritaire fragile du pays, en ce moment, au Nord-Ouest et au Sud-Ouest notamment, ne s’accommode pas d’un vide administratif fut-il d’un jour. En effet, c’est le Président de la République qui veille à la sécurité intérieure et extérieure de la République (article 8, alinéa 3 de la Constitution) et c’est encore lui qui, en tant qu’élu de la nation toute entière, incarne l’unité nationale, est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la permanence et de la continuité de l’Etat (article 5).

Si l’on ajoute que, hormis le 6 novembre 1982, date importante qui a marqué le début du régime BIYA, toutes ses prestations de serment à la suite des précédents scrutins pluralistes de 1992, 1997, 2004 et 2011 se sont tenues invariablement le 3 Novembre, et que Paul BIYA est un légaliste, doublé d’un traditionnaliste, on est tenté de croire que le nouveau Président de la République prêtera serment le samedi 03 novembre 2018.

A cette occasion, le Président de la République élu, prêtera serment à 11 heures au Palais des verres de Ngoa-Ekelle, siège de l’Assemblée Nationale. La cérémonie débute par un mot de bienvenue du Président de l’Assemblée Nationale, suivi de la prestation de serment. Le Secrétaire Général de l’Assemblée Nationale présente l’Acte de Serment à la signature du Président élu, du Président de l’Assemblée Nationale, du Président du Sénat et du Président de la Cour Suprême. L’une des copies est remise majestueusement au Président élu. Le Président donne son discours d’investiture avant de se retrouver à l’extérieur de l’Hémicycle pour les honneurs militaires avec 101 coups de canon, retour au Palais de l’Unité.

Réception dans l’après-midi des attributs de Grand Maître des Ordres Nationaux, conformément à l’ordonnance n° 72/24 du 30 novembre 1972 portant réorganisation des Ordres Nationaux et de la Grande Chancellerie de la République, en son article 4 « Le Président de la République est le Grand Maitre de tous les Ordres », en cette qualité, « il statue en dernier ressort sur toutes les questions concernant les Ordres et les Médailles ». La dignité du Grand Cordon de l’Ordre de la Valeur lui appartient de plein droit. D’aucuns croient savoir que c’est ce qui explique qu’il s’accroche lui-même le cordon, cordon que lui remettra le Grand Chancelier, au cours de cette prise de fonction. Présentation des Corps Constitués Nationaux et des membres du Corps Diplomatiques. Plus tard, Paul Biya se rendra à la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé pour un culte d’action de grâce interreligieux. Dans son ouvrage, Paul Biya : Les secrets du pouvoir, Karthala, 2005, 290 pages, Michel Roger Emvana écrit, « Paul Biya conçoit la vie comme une dualité philosophique : la métaphysique et la physique, la vie terrestre et la vie céleste ; les deux, en réalité, ne font qu’un. Il sait qu’il doit son destin plus à Dieu qu’aux hommes. » C’est avec le culte interreligieux que sera lancée de toute vraissemblance, l’inauguration du « septennat des grandes
opportunités ».