Messi « me nkonda » Martin : Le pionnier providentiel
Il n’a peut-être pas inventé le fil à couper le beurre mais, aux yeux des observateurs, le fils d’Anastasie Bekono épse Nkonda (d’où le tube « BekonongaNkonda » traduisez « Bekono épouse de Nkonda ») et de Raphaël Nkonda est acclamé à l’unanimité comme étant celui qui creusé le bon sillon. Le mérite de Messi Martin, fils du village Yemessi dans l’arrondissement d’Esse, Région du Centre, où il vit le jour le 22 Septembre 1946, c’est d’avoir osé le premier et avec brio, transposé les sonorités du balafon de son enfance, sur une guitare électrique. Un « instrument des blancs » imitait alors des « sons indigènes ». Et par cette trouvaille, des rythmes aussi sacrés, les uns que les autres, trouvaient une place sur la scène internationale dans un contexte mondialisant alors naissant. Tout petit, il maîtrise très rapidement le jeu sur les différents vibraphones, membranophones et autres idiophones. Il ira même jusqu’à dompter un vieux banjo qui traînait dans la cour du Chef du Village malgré la stricte opposition de son père. Une fois parti du village et installé notamment à Garoua, il fabriquera lui-même ses premières guitares. La suite fut pratiquement évidente : le « Jazzy Garo » qui deviendra plus tard Los Camaroes : les Titans de Garoua ; le « Mango Bar » au quartier Elig-Effa à Yaoundé. Celui qui aimait à se définir comme « un messager » réussit à créer une belle harmonie entre les rythmiques de la forêt et des courants qu’il affectionnait tels que le « Mérengué », la « Rumba » et le « Soukous ». De 1964 à sa mort, Messi Martin lèguera à la postérité d’immenses succès compris dans à peine cinq albums puisqu’on y compte deux compilations de ses succès, de véritables « masters pieces » tels que « Bekonongankonda » évoqué plus haut, « Amudzé », « Ovongo ane man bella », « Ma tamekemayon », et un certain « ZoaMballa » sorti en 2000. La richesse de ses textes et sa dextérité à explorer la riche rhétorique des langues Ekang lui offrirent toute l’admiration des mélomanes et des observateurs avertis. Des thématiques épurées et élaborées, sans trivialités mais plutôt embuées de toute la sagesse et de la mystique de la grande communauté « Béti-Fang-Bulu » de la forêt équatoriale africaine.-