Wade, c’est peut-être la meilleure chose qui lui soit arrivée. Il ne le dira pas comme ça, bien sûr, mais c’est bien avec puis contre le chef de l’Etat que Macky Sall s’est forgé en politique. C’est Wade qui lui a donné sa chance au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS). C’est lui qui l’a nommé ministre des Mines et de l’Energie, au début des années 2000, avant de lui confier l’intérieur puis, en avril 2004, la primature et enfin la direction de sa campagne pour la présidentielle de 2007.Aujourd’hui encore, alors même qu’il est passé à l’opposition, Macky Sall détient le record de longévité pour un Premier ministre de Wade.
La meilleure des choses aussi parce que le chef de l’Etat a fini par le prendre en grippe. Tout juste réélu, Wade refuse de reconduire son chef du gouvernement, pourtant reconnu pour son sérieux et sa fidélité. Il réduit ensuite la durée de son mandat à la tête de l’Assemblée nationale et lui retire le poste de numéro deux du PDS. Pour Macky Sall, c’en est trop. Wade, les humiliations, c’est terminé. Il claque la porte de parti et crée, en décembre 2008, l’Alliance pour la République (APR), la formation dont il portera les couleurs à la présidentielle du 26 février. Des regrets ? Jamais, assure l’intéressé. « Je rends grâce à Dieu de ma disgrâce ».
Propos recueillis par ANNE KAPPES-GRANGE
Jeune Afrique du 4 au 10 décembre 2011