L’élaboration de la politique économique au Cameroun n’a pas toujours été homogène depuis son accès à l’indépendance, elle a connu un certain nombre d’étapes :
• Une phase de planification allant de 1960 jusqu’au milieu des années 1980. Durant cette phase, des plans quinquennaux étaient exécutés. Au total six plans quinquennaux ont été mis en oeuvre dont cinq sont arrivés à terme, le sixième ayant été interrompu par la crise économique du milieu des années 1980. Cette période de l’histoire du Cameroun fut marquée par une prépondérance de l’État dans le déroulement de l’activité économique ;
• la phase de la libéralisation. Suite à la crise économique, le gouvernement, conjointement avec le Fond Monétaire International (FMI) a mis en place les Programmes d’Ajustement Structurels (PAS). L’État camerounais a du se désengager de l’activité économique afin de laisser les règles du marché la réguler. Quelques années après le début de l’exécution des PAS, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a prôné le libre échange et l’ouverture des frontières. Des restrictions quantitatives (RQ) sur certains produits étrangers ont été levées.
• Dans le prolongement des PAS, le Cameroun a atteint le point de décision de l’Initiative Pays Pauvre Très Endettés (IPPTE) en 2000 dont le point d’achèvement a été atteint en avril 2006. Avec cette initiative, une nouvelle orientation a été donnée à la politique économique avec notamment la rédaction en 2003 du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP).
Cinq plans quinquennaux ont été complètement exécutés au Cameroun depuis 1960. Les périodes d’exécution de ces plans ont été les suivantes :
IER PLAN QUINQUENNAL (1960-1965)
Il s’inspire des deux plans FIDES (Fonds d’Investissement respectifs pour le Développement Economique et Social des Territoires d’Outre –Mer) mis en place par la France Coloniale en 1945 et 1953. pour des volumes d’investissements respectifs de 18 Milliards de Cfa et 16 Milliards consacrés essentiellement aux infrastructures (12 milliards pour la période de 1945-1953) et l’agriculture d’exportation.
L’objectif visé pour ce premier plan de développement économique, social et culturel était de doubler le revenu national par tête de 1960 à 1980. Dans ce premier plan quinquennal la priorité sera donnée aux infrastructures (45,8% des investissements) et le développement rural (18,8%) pour un volume d’investissements prévus de 53,18 milliards FCFA.
IIEME PLAN QUINQUENNAL (1966-1971)
Le volume des investissements prévus est de 165,176 milliards dont 18,58% vont au secteur rural, 23,86% aux infrastructures. Ce plan a pour ambition d’augmenter la production des cultures d’exportation. C’est pendant cette période que sont créées les zones développement intégrées avec l’opération Yabassi-Bafang et les Zapi de l’Est (zones d’action prioritaire intégrée) avec pour objet de combattre l’exode rural. C’est également au cours de ce 2ème plan quinquennal qu’un accent est mis sur le secteur de l’énergie avec le démarrage des travaux du barrage réservoir de Mbakaou et le secteur de l’industrie alimentaire (Sosucam, Chococam), textile avec le laminoir Socatral d’Edéa. C’est dans ce plan que prend forme le transcamerounais (chemin de fer Yaoundé-Ngaoundéré).
IIIEME PLAN QUINQUENNAL (1972-1976)
Le IIème plan n’ayant pas atteint ses objectifs, ceux-ci seront reversés dans le IIIème plan, à l’instar du secteur agricole qui va subir des réformes hardies avec la création du FONADER (Fonds national de développement rural) en 1973 et de la MIDEVIV (Mission pour le développement des cultures vivrières). L’accent est mis sur l’industrie, l’énergie et les mines qui prennent 25,1% contre 9,02% pour le développement rural et 20,5% pour les infrastructures sur un volume des investissements qui s’élève à 280 milliards de FCFA. La SNI (Société Nationale d’Investissement) créée en 1964, sera le bras séculier de l’Etat dans sa politique industrialisation. Ce IIIème plan connaîtra deux problèmes : la sécheresse qui frappe le Nord du pays et la crise économique mondiale de 1973.
IVème plan quinquennal (1976 – 1981)
L’économie camerounaise ne doit plus trop compter sur l’apport extérieur des partenaires bilatéraux et multilatéraux mais sur ses forces propres. Le secteur industrie-énergie se taille la part du lion avec 31% des investissements contre 17,2% au secteur rural, 21,6% aux infrastructures et 6,65% aux services sur un volume d’investissements prévus de 725,232 milliards. La priorité est également accordée au développement de la recherche et de l’exploitation minière. C’est pendant cette période que sont réalisés les barrages de Songloulou, Lagdo et Bamendjin et prévues les extensions d’Alucam, de Cimencam, la création de Cellucam (industrie papetière) et la construction plus tard d’un complexe électrochimique à Kribi.
Vème plan quinquennal (1981 – 1986)
La politique des plans quinquennaux a commencé à montrer ses limites, l’Etat s’étant montré incapable d’honorer ses engagements en termes surtout financiers.
• Le sixième plan quinquennal a été un mort né. Son interruption a été provoquée par la crise économique survenue en 1987 au Cameroun et le début en 1988 de l’exécution des PAS sous l’aide du FMI et la BM.