Interdits mais tolérés, les Frères musulmans forment aujourd’hui le plus important mouvement d’opposition en Egypte.
Les Ikwanes – les Frères, en arabe- n’ont pas légalement le droit de participer à la vie politique, puisque la Constitution égyptienne interdit les partis religieux. Aussi des membres de la confrérie font-ils campagne sous l’étiquette d' » indépendants « . Leur slogan, » l’islam est la solution « , leur tient lieu de programme.
Tout a commencé en 1928, quand un instituteur, Hassan el-Bana, s’est insurgé contre la vie jugée frivole, contraire aux préceptes de l’islam, menée par la grande bourgeoisie du Caire et d’Alexandrie. Le mouvement qu’il organise prône un retour à la stricte observance des préceptes du Coran.
Dans les années40, la confrérie compte déjà 2millions d’adeptes et commence à inquiéter l’État. D’autant plus que Hassan el-Bana demande l’application de la charia (le droit coranique) et veut que la confrérie soit associée à la vie politique.
Les Frères musulmans ne reculent pas devant la violence et vont assassiner deux Premiers ministres, Ahmed Maher Pacha (en 1945) et Nokrachi Pacha (en 1948). Devenus un réel danger pour l’Égypte, les Ikwanes sont pourchassés et la police secrète élimine Hassan el-Bana, le 12février 1949.
L’absence de transparence dans l’organisation du mouvement lui permet de survivre. En 1952, Gamal Abdel Nasser et Anouar el-Sadate prennent des contacts discrets avec les Frères musulmans et obtiennent leur appui pour détrôner le roi Farouk. Nasser ne leur en sera pas reconnaissant et, en 1954, les Frères tentent de l’assassiner à Alexandrie. La riposte du raïs est implacable. Onze dirigeants sont condamnés à mort et des milliers de militants sont emprisonnés. Virement de bord en 1970. En Egypte comme ailleurs dans le monde arabe, le pouvoir flirte avec les Frères musulmans pour lutter contre les communistes. Mais, le 6octobre 1981, Sadate est assassiné par un soldat membre de la Jihad Islamiya, un groupuscule qui ne pardonne pas au raïs d’avoir signé la paix avec Israël.
Sous Moubarak, pendant une quinzaine d’années, les Frères et l’Etat ont des relations en dents de scie. En 1997, la confrérie renonce solennellement à la violence. Elle va jouer un rôle restreint au Parlement jusqu’aux élections de 2005, qui voient les » indépendants » emporter le cinquième des sièges. Mais, en novembre 2010, la fraude massive aux législatives leur a concédé un seul député.
Les Frères musulmans comptent aujourd’hui près de 20millions de sympathisants et jouent un rôle politico-social considérable. Ils ne proposent pas seulement l’école et des dispensaires gratuits, mais accordent aussi des subventions aux déshérités. Bien plus, ils offrent une dot aux jeunes filles pauvres en âge de se marier.
Pour la première fois, en raison de la crise qui secoue l’Égypte, les Frères musulmans sont invités à participer à un dialogue national avec le pouvoir et les autres mouvements politiques. La réunion s’est déroulée ce 6 février 2011 au siège du Conseil des ministres, en présence du vice-président Omar Souleimane.
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