Les filières cacao et café se portent différemment.
Le cacao va un peu mieux que le café. Le Cameroun a franchi le cap de 200 000 tonnes de cacao. Nous avons longtemps stagné sur 120 000 tonnes et tout laisse croire malgré les effets des changements climatiques que nous allons augmenter la production car les pouvoirs publics et des particuliers s’engagent beaucoup dans ces deux filières. La filière-café va moins bien, mais c’est relatif. Ça commence à aller. Notre production a chuté de près de 150 000 tonnes en 1986 à 33 000 tonnes l’année dernière. En 2009, nous avons adopté une stratégie pour améliorer la filière-café au Cameroun. Les effets de la mise en œuvre de cette stratégie vont commencer à se voir au cours de cette campagne certainement. Nous allons reprendre la phase ascendante au niveau de la production. Parallèlement, nous travaillons sur la qualité. L’année dernière, deux terroirs camerounais ont été classés comme café gourmet. Dans notre monde du café, est classé d’Oku qui est vendu comme café gourmet en France et en suisse. Mais, les signaux que nous percevons du terrain montrent que ça aller et que les choses reprennent.
Dans le cadre du programme « New Generation », les producteurs seront les jeunes. Nous les prenons à partir de l’apprentissage dans les centres de formation. Pour ces jeunes qui, par passion, ont opté pour le cacao ou le café, nous nous chargeons de les accompagner, de les encadre en leur prodiguant un enseignement théorique au centre de formation, en leur montrant et en les aidant non seulement à mettre sur pied leurs pépinières, mais aussi à implanter leur exploitation et à conduire celles-ci. Nous le faisons pendant trois ans. Nous apporterons des appuis matériels, logistiques. La main d’œuvre est la leur parce qu’il faut qu’ils s’investissent aussi. Nous le faisons pendant trois ans car nous estimons que c’est le temps qu’il faut pour qu’une plantation bien conduite produise de bons résultats. Ce programme cible uniquement les jeunes qui ont le désir de produire le cacao et le café. Ce programme leur apporte tout son appui au niveau pédagogique, un enseignement avec la collaboration des centres de formation professionnelle pendant deux ans et une base d’enseignement pratique pendant qu’ils sont dans les centres puisque nous pourvoyons aux références. Les référents, ce sont les praticiens auprès desquels ces jeunes de la « New Generation » vont apprendre. Car il faut que toutes les bonnes pratiques agricoles soient implémentées par ces jeunes pour qu’ils aient des exploitations avec de bons rendements et une bonne qualité avec des possibilités de vivre convenablement de leur production. « New Generation », ce sont des professionnels du cacao et du café, des jeunes, des entrepreneurs agricoles dans le cacao et le café.
L’objectif est de baisser considérablement l’âge moyen du producteur qui est aujourd’hui de plus de 55 ans en impliquant progressivement les jeunes, puisque nous comptons encadrer 100 nouveaux jeunes sortant des centres de formation, chaque année. Par ce processus, les producteurs vont rajeunir car la filière en a besoin. On a beau multiplier les plants et apporter des appuis, il faut qu’il y ait des producteurs. Notre objectif est de s’assurer qu’il y aura encore une filière dans 100 ans et plus. C’est pourquoi on renouvelle la génération.
Nous avons mis au point un programme qui va commencer dans deux mois pour sensibiliser les jeunes qui sont en ville et qui ont tous leurs repères au village afin de leur montrer en quoi faire le cacao ou le café est rentable. Nous espérons qu’avec cette sensibilisation, beaucoup de jeunes vont comprendre la nécessité de faire dans ces deux cultures.
D’abord, entrer dans les centres de formation. Une fois formés, notre appui leur est acquis d’avance.
Nous souhaitons que le producteur désormais soit un professionnel. Un professionnel qui sait ce qu’il fait, là où il va, et ce qu’il a à faire. Lorsqu’il sort d’un centre, il a reçu tous les enseignements qu’il faut en agronomie, donc c’est un agriculteur qui a reçu toute ce que nous faisons, c’est de l’appuyer, de l’accompagner dans l’orientation qu’il a prise pour le cacao et le café. Les jeunes qui ne sont pas dans des centres et qui sont désireux de se lancer dans ces deux cultures, nous pouvons les introduire dans les centres car le producteur de cacao et de café de demain est un agriculteur professionnel.
Propos recueillis par Josiane TCHAKOUNTE et Omer Gatien Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café du cameroon tribune du 14/06/2012 page 12