L’homme à la chéchia rouge, c’est ainsi qu’on pourrait surnommer Issa Balarabé car il ne se sépare jamais de ce bonnet qui est quasiment devenu son objet d’identification. Mais Issa Balarabé c’est d’abord sa fortune. Il se raconte qu’il est, avec Yaya Beilo et quelques autres, l’un des hommes les plus riches de Maroua. Une fortune qu’il a bâti sur le transport, activité qu’il exerce depuis 1954, mais aussi dans l’immobilier, le commerce générai et les prestations diverses au travers des marchés qu’il gagne auprès de l’administration. Avant d’être président national du Syndicat des transporteurs par camions depuis juin 2003, il en a assuré la vice-présidence pendant 33 ans. A 69 ans, ce fils de Maroua d’origine haoussa aura parcouru du chemin et réussi, grâce à l’épaisseur de son chéquier et la richesse de son carnet d’adresses, à se positionner comme un pion incontournable de l’échiquier socio-politico-économique de la région.
Il commence par se faire adouber par le tout-puissant lamido Yaya Daïrou de Maroua qui le nomme lawan (chef) des jeunes en 1952. C’est à partir de ce moment qu’il commence à se tisser un réseau de relations et à monter ses premières affaires en utilisant, disent ses contempteurs, des méthodes pas toujours orthodoxes. C’est donc tout naturellement qu’il intègre la branche des jeunes de l’Union camerounaise (Juc) puis celle de l’Union nationale camerounaise (Junc) d’Ahmadou Ahidjo jusqu’en 1985 et la naissance du Rdpc. Cette année là, il prend la présidence de la sous-section Rdpc de Maroua-ville. Victorieux de Boubakary Diailo lui-même tombeur de Bouba Bello Goni, Issa Balarabé prend la direction de la section du Diamaré en 1996 mais il ne résistera pas à la vague juvénile conduite par Sali Daïrou lors du renouvellement des organes de base en mars 2002 et se voit débarquer de ce qui lui reste de fonction politique qui lui donnait une respectabilité qu’on lui refusait jusque-là du fait de son ascendance. La pilule est dure à avaler et la cassure est inévitable. Issa du haut de sa surface financière s’emploie à saper le pouvoir de Sali Daïrou en créant une faction dissidente au sein de cet organe de base, baptisé le “G8” qui parvient à s’imposer comme un pôle de décision au grand dam de ceux qui rêvaient d’une grande section phare et exemplaire de la capitale provinciale
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE