C’est l’histoire d’un Inspecteur des Impôts tombé dans l’or
noir. Entre la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures
(Csph) et lui, c’est une longue histoire d’amour. On pourrait même
dire sans trop forcer le trait que la Csph est la fille de Talba. De la conception à la parturition et jusqu’à l’âge de maturité, Ibrahim
Talba a accompagné et continue d’accompagner chaque instant
de la vie de cette entreprise parapublique. La filiation remonte à
la fin des années 80. En 1988 plus exactement. Lorsqu’un décret
présidentiel le nomme président d’un comité de suivi de ce qu’on
peut considérer comme l’embryon de la future Csph.
Epaulé par deux autres experts, il donne corps à la
structure. Personne ne sera vraiment surpris lorsqu’un autre acte
du Chef de l’Etat le coiffe en 1990 du képi de gendarme des
hydrocarbures. Il doit lui-même prendre soin de son bébé. C’est
un bond en avant dans la carrière de cet inspecteur des Impôts
de 50 ans qui aura été, après la sortie de l’Enam en 1982, chef
des inspections à Yaoundé, sous-directeur des prix pendant cinq
ans et, durant une décennie, inusable directeur des prix. L’ancien
élève du Collège Mazenod de Ngaoundéré où il a décroché son
Bac A4 est aussi titulaire d’une licence et d’un DEA en droit des
affaires obtenu à l’université de Yaoundé en 1980 et 1981.
C’est donc une tête pleine et bien faite, qui est aussi un
« fils de… ». Son pedigree ministériel n’est peut-être pas qu’un
simple détail dans son ascension. Coup de pouce d’une main
quelconque ou pas, à l’épreuve du terrain, Ibrahim Talba a su
convaincre.
Dans un contexte international où l’or noir broie du noir par
intermittence. Dans un pays où la filière hydrocarbure a ses crises
saisonnières faite de flambées des prix du carburant à la pompe, de pénurie de gaz qui dans un scénario immuable comme dans un mauvais film diffusé en boucle se répète d’année en année Etre le pandore de service dans les hydrocarbures n’est pas de tout repos.
A l’occasion, Ibrahim Talba n’hésite pas souvent à déroger à la loi du silence qui entoure le monde opaque de l’or noir pour expliquer aux consommateurs le pourquoi et le comment des dysfonctionnements. Il engrange toujours des points à ces moments-là. Comparé à d’autres managers du pays, cadenassés en permanence dans leur douillet cabinet et réticent à communiquer en situation de crise.
Ibrahim Talba, le gestionnaire est aussi un homme politique. Membre du comité central du Rdpc depuis 1996, il fait d’ailleurs parti des gros donateurs de son parti notamment dans son Mayo-Sava natal. Il n’hésite pas aussi à puiser dans sa cassette personnelle pour des actions de développement au village.
Ainsi la première boulangerie de Mora, c’est lui. Le Pylône-émetteur CRTV, c’est encore lui. La radio rurale, c’est toujours lui. Le lobbying pour la connexion de Mora à la téléphonie mobile, c’est aussi en partie lui. Les prix aux meilleurs élèves de Mora, c’est toujours lui. Féru de voyage, de lecture et de sport, il n’y fait pas de la figuration. N’est-il pas depuis octobre 2003 président de la Confédération africaine de sport pour tous? L’époux de Didjatou aime aussi rouler les grosses mécaniques à l’occasion même s’il affiche une simplicité et une affabilité assez rares chez les hommes de son rang.
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE