Hamidou Mana est un homme imposant. Non pas par son physique, rassurez-vous! Car à la vérité, c’est un “bout d’homme” comme il se désigne lui-même. L’esprit vif, le regard perçant, la démarche alerte, le phrasé rapide, ce bout d’homme aux tempes grisonnantes et aux lunettes d’intello en impose donc par sa parfaite connaissance des dossiers du Projet de réduction de la pauvreté et actionen faveur des femmes de l’Extrême-Nord (PREPAFEN) qu’il dirige depuis le mois de décembre 1999. Il est donc ce qu’on appelle un homme des dossiers. Et des dossiers, il en parle avec une passion et une volubilité plutôt inhabituelle chez les administrateurs civils champions toutes catégories de la langue de bois et de l’esquive. Peut-être a-t-il hérité de cette fougue à Kalfou dans le Mayo-Danay où il pousse son premier cri dans l’euphorie d’un jour de l’année 1959. Il ne quitte son Kalfou natal qu’à l’âge de 13 ans pour décrocher son CEPE à Yagoua avant de prendre la route du lycée de Garoua où il obtient son baccalauréat en 1979. Il a 20 ans et tente l’aventure de l’enseignement supérieur. L’université de Yaoundé et sa faculté de droit et de sciences économiques lui décernent en 1983 une licence en sciences économiques options économie de l’entreprise qu’il complète l’année d’après avec une maîtrise en sciences économiques. Ce parcours académique à tout le moins respectable n’échappe pas aux responsables de la Semry qui lui offrent un poste de contractuel. Son parcours au sein de l’entreprise le conduit à la direction commerciale, plus exactement au service de la comptabilité avant de se voir confier les clés du service administratif. De ce poste stratégique, il est l’un des premiers à voir venir les difficultés de l’entreprise. Contractuel, il sait qu’il ne résistera pas à la bourrasque et décide de prendre les devants en démissionnant en octobre 1985 pour emprunter le train du recrutement spécial par l’Etat de 1500 diplômés de l’enseignement supérieur en novembre de la même année. Il se retrouve au ministère de la Condition féminine. Un an plus tard, il
est reçu au concours de l’Enam où il en sort administrateur civil en 1988. Petit détour par le ministère de la Fonction publique et retour au Mincof comme chef du service du courrier et de liaison. En octobre 1991, il est appelé à s’occuper des sujets autrement
plus intéressants pour un homme que le courrier. Il s’agit de la femme. Le voilà directeur adjoint de la promotion de la femme. Sa femme Haouwa applaudit surtout que le meilleur est à venir: sous-directeur du budget en 1995 et directeur de la promotion de la femme en 1996. Sa carrière au Mincof culmine avec sa nomination au poste de conseiller technique qu’il ne quittera que pour aller lutter contre la pauvreté dans sa province d’origine en butte à une indicible misère. Il dispose pour cela d’une enveloppe de 14 milliards de francs CFA.
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE