C’est la surprise et la consternation qui gagnent les parents, visiteurs et curieux qui arrivent à cette école primaire publique qui se trouve pourtant dans le quartier administratif de la capitale économique du Cameroun.
Lorsque le taxi nous dépose au Consulat de France et que le conducteur nous apprend que nous sommes arrivés, notre première surprise est de découvrir une école dont l’aspect et l’architecture contrastent fort bien avec les immeubles qui la jouxtent. Surtout les deux hôtels de référence qui se trouvent juste en face. C’est à se demander si l’on est toujours à Bonanjo, mieux ce que cette école vient chercher au cœur du centre administratif de la région du Littoral.
Il ne fait pas de doute, nous sommes à l’école publique Petit Joss. Malheureusement ses infrastructures contrastent avec sa situation géographique. Un regard panoramique fait constater que c’est une constellation de bâtiments sans plan précis qui s’étend sur une superficie d’environ 2000m2. On peut y dénombrer une quinzaine de bâtiments qui couvrent deux sections d’étude : la section francophone et la section anglophone. La section anglophone est constituée d’un cycle complet qui va de «class one» à «class seven». La deuxième est constituée de deux groupes qui comprennent chacun un cycle complet allant de la Sil au Cours moyen II. Chaque groupe a à sa tête, une directrice et des enseignants à un nombre pléthorique. Mais très vite, notre regard est retenu par la demi-dizaine de bâtiments présentant des toitures arrachées. Lorsque ce ne sont pas tout simplement des salles de classes à l’abandon et où poussent des herbes folles. Même les bâtiments utilisés ne présentent pas fière allure. La peinture défraîchie, des murs recouverts de moisissures, des bancs cassés ou brinquebalant, des tableaux blanchis, faute d’avoir reçu de l’adoisine depuis plusieurs années scolaires.
La création de l’école Petit Joss remonterait en 1950. Plusieurs hauts cadres de l’administration camerounaise y ont passé leurs années scolaires primaires. Malheureusement l’une des vieilles écoles de la ville de Douala connait un état de sinistre alarmant. En comparant l’école Petit Joss aux autres écoles cinquantenaires que sont l’école publique de Deido et l’école publique d’Akwa, on se rend compte qu’elles partagent le même état de délabrement avancé, à l’exception de l’école publique d’Akwa qui vient de subir des travaux de réhabilitation de ses locaux.
des familles nanties qui habitent ce quartier administratif et résidentiel ont très vite fait de ne plus y inscrire leur progéniture pour la préférer aux écoles privées en dépit du coût de scolarité onéreux qui y est pratiqué. Conséquence, les élèves qui fréquentent de plus en plus l’école publique Petit Joss, viennent d’ailleurs. Des parents aux revenus moyens qui travaillent comme personnel d’appui dans les services administratifs, ce qui leur permet de rester plus proche de leurs enfants qu’ils récupèrent plus facilement. Par ricochet, l’école publique Petit Joss «est l’une des rares, sinon la seule à Douala où l’inscription est réellement gratuite, pas de frais exigible, pas de frais de l’Apee », confie notre source.Pis encore, certains de ces bâtiments sont entourés par des touffes d’herbes qui rasent les murs. Un état des lieux qui amène à s’interroger sur le cadre dans lequel les élèves de cette école suivent leurs cours. En marge des conditions normales d’enseignement requises. Curieusement, une situation qui tutoie les services administratifs de la Région du Littoral, des missions diplomatiques et même la délégation régionale de l’Education de base pour le Littoral.Un seul bâtiment se distingue des autres de par sa propreté et surtout par la peinture jaune qui le fait briller de loin. «C’est celui de la bibliothèque de cette école. Un don de l’entreprise Mtn Cameroun, constitué des ouvrages, des tables et des chaises.»
© Aurore Plus : Eyangoh Ekolle. E