Hasard? Destin? Qui saura le déterminer. Une certitude : la vie de ce journaliste semble réglée comme une horloge par cycle de 10 années. Les faits : 1974. Diplômé frais émoulu de l’Esijy, il intègre la rédaction de Cameroon Tribune. 1984. iI quitte le quotidien ouvernemental pour prendre les commandes de l’imprimerie nationale. 1994. Il démissionne et cède aux avances de la Sitabac qui lui propose une aventure dans le secteur privé. 2004. lI est sur le départ même si sa prochaine destination est encore inconnue.
On pourrait donc dire d’Amadou Vamoulké qu’il aura eu plusieurs vies. A chaque expérience professionnelle sa tranche de vie. Nul ne peut jurer la main sur le coeur que c’est cette trajectoire toute en rupture qui était destinée à ce fils du MayoDanay né le 10 Février 1950 à Garoua. Tant on lui reproche d’être un homme solitaire, instable qui snobe les manoeuvres de couloir et les réseaux. Ils sont en tout cas nombreux à penser que s’il s’était davantage intégré dans le système il s’en tirerait mieux au regard de son talent et de sa compétence que personne ne conteste. Mais Amadou Vamouiké lui n’affiche pas le moindre regret en regardant dans le rétroviseur de sa vie.
Après l’obtention de son Baccalauréat série A4 en 1971, il frappe avec succès aux portes de l’Esijy. Sa licence en journalisme en poche, il fait ses classes à Cameroon Tribune comme reporter à la rubrique étranger. Il prend du galon d’année en année et accède au stratégique poste de rédacteur en chef en 1981. C’est du haut de cette chaire journalistique qu’il a la lourde responsabilité de signer le premier éditorial des lendemains de coup d’Etat manqué du 06Avril 1984.L’article a-t-il plu en haut lieu? Ce sera l’un de ces derniers grands papiers. Une page se tourne. Le journaliste est nommé directeur général de l’imprimerie nationale. Mais cette expérience va lui laisser un goût aigre-doux. Une décennie plus tard Amadou Vamoulké a l’impression d’être pris dans un piège. De tourner en rond, dans cette entreprise parapublique désargentée et maintenue en survie artificielle. Il va démissionner contre l’avis du secrétaire général de la présidence de la République préalablement informé. Qu’un membre du comité central Rdpc depuis 1985, claque ainsi la porte, fait en effet mauvais genre au sein de l’establishment.
Mais lui n’a pas le moindre état d’âme lorsqu’il embrasse une nouvelle expérience à la Sitabac où le temps des splendeur va précéder la saison des misères. Pendant les années glorieuse, six cigarettes sur dix fumées au Cameroun sortent des usines de la société qui affiche alors des excédents budgétaires de 20 milliards de FCFA. Avec l’étiquette de conseiller spécial puis de directeur de l’administration de la logistique et des ressources humaines, il fait le tour des pays qui comptent aux côtés du PDG James Onobiono qui est de tous les grands forums économiques notamment celui de Davos.
Amadou Vamoulké qui n’a pas oublié son métier du cœur retrouve ses confrères comme premier président de l’Union de journalistes du Cameroun porté sur les fonds baptismaux en 1996. Cette manière de retour aux sources dure quatre ans. S’il reste à la manette à la Sitabac les affaires sont de plus en plus plombées par la concurrence. L’avenir de la société se décline désormais en pointillé. Et Amadou Vamoulké veut quitter la barque avant un éventuel naufrage. En cette année 2004, son épouse Aminatou Lawan et ses sept enfants ne s’en inquiètent pas. Pour eux, il saura rebondir car ce n’est que la fin d’un cycle. Pas la fin de tout.
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE