C’est l’histoire d’un mordu du football qui s’est laissé piquer par le virus de la politique. La silhouette longiligne d’Alioum Alhadji
Hamadou presque toujours drapé dans une gandoura fait en effet partie du décor du mouvement sportif national depuis quelques années déjà. C’est dans l’univers impitoyable du ballon rond qu’il a d’abord pris de l’altitude à la manière d’une étoile filante jusqu’à son élection comme chef du département des Finances de la Fédération camerounaise de football en mars 2000. Ascension fulgurante qui le place aux premières loges de cette jeunesse de
l’Extrême-Nord qui gagne.
Seulement, il ne va pas oublier d’où il vient. Et lui qui a dirigé un collège privé et créé le Centre de formation des footballeurs du Sahel devenu Académie des sports du Sahel n’a de cesse de côtoyer au quotidien des jeunes taraudés par un présent qui n’a pas d’avenir. A ses yeux seul l’engagement politique peut faire bouger les choses. Il entre donc en politique comme on embrasse une carrière sacerdotale : pour servir la grande masse des jeunes laissés-pour-compte. Alioum Alhadji s’en va donc au chaudron lors des primaires qui lui ouvrent la voie du double scrutin municipal et législatif du 30 juin 2002. Ce dimanche là à minuit, les tendances sont irréversibles. C’est gagné. On lui donne désormais du « Honorable ». Le jeune élu du peuple remporte ainsi une des victoires les plus significatives du Rdpc à ces élections. Car c’est le premier député élu sous la bannière du principal parti au pouvoir à Maroua. Depuis le retour du multipartisme en 1990. La parenthèse Undp se trouve ainsi refermée.
En réalité très peu d’observateurs ont vu venir ce jeune élu du peuple, 41 ans, plus habitué des aires de jeu que des estrades de meeting. Cette espèce de virginité politique face à un électorat jeune désabusé de la politique et de certains politiques aura été l’atout maître de ce titulaire d’une maîtrise en géologie obtenue à Lille en France après une licence dans la même discipline passée à l’université de Yaoundé à la suite d’un baccalauréat D décroché au Lycée classique de Maroua. Et l’honorable n’a pas perdu du temps au cours des premières années de son mandat: dons de micro-ordinateurs, de tables bancs, de doses de vaccins contre la méningite aux établissements scolaires, subvention de la carte nationale d’identité informatisée et aides multiples en espèces et en nature aux grappes humaines qui se pressent continuellement devant son portail.
Politique et sportif, il combine les deux passions au quotidien. Car autant, il place les préoccupations de l’électorat au centre de ses actions, autant il continue à investir et à nouer des partenariats pour faire de l’Académie des sports du Sahel une structure de référence. Déjà en cinq années d’existence, ses pensionnaires ont investi tous les étages de la maison Lions indomptables. Minimes, cadets, juniors, espoirs, seniors. D’autres sont sur les tablettes des recruteurs pour des contrats professionnels. Le retour sur investissement ne sera pas démérité.
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE