On ne saura peut-être jamais pourquoi l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat ne s’est plus porté candidat à la succession du défunt lamido de Maroua. Prétendant sérieux au trône, son nom aura circulé parmi ceux des principaux favoris à la tête de l’une des plus importantes chefferies traditionnelles du Cameroun. Petit fils de feu Sa Majesté Mohamadou Sadjo, neveu du mythique et regretté lamidoYaya Daïrou de Maroua, et frère cadet de l’actuel lamido de Pette, le pedigree de celui qui se prénomme aussi Alain lui ouvrait tous les droits à la succession. Celui que l’on présentait comme le lamido de la modernisation de Maroua, se retirera de façon inattendue de la course pour retourner dans la discrétion qui lui est si caractéristique. Car avant son entrée au gouvernement en mars 2000 en remplacement numérique de Sali Dairou, selon la règle non écrite de l’équilibre régional, très peu de gens savent que ce prince de mère française est le directeur général adjoint de la Société commerciale de banque. Crédit lyonnais Cameroun. Poste qui récompense le travail abattu par ce haut commis de l’Etat dans les services de la présidence de la République où il s’occupe justement et avec efficacité de la restructuration du secteur bancaire au Cameroun. Mais si Halilou Yérima Boubakary est un technocrate de haut vol, il est malheureusement un politicien d’assez modeste envergure. Par tempérament, il n’est pas un harangueur de foules. Les combats politiques avec leur lot de coups bas, d’intrigues, de messes noires ne l’emballent pas vraiment. Résultat, il est accusé par ses contempteurs de ne pas mouiller suffisamment le maillot pour le parti au pouvoir. Or, lorsque l’on sait que le maintien au gouvernement est aussi conditionné par l’engagement militant, Halilou devait sûrement se douter de ce que son séjour au gouvernement serait de courte durée. Et il le fut jusqu’au lendemain du double scrutin législatif et municipal du 30 juin 2002, il est remplacé poste pour poste par son “frère” du Diamaré Adji Abdoulaye Haman le 24 août 2002. Un malheur ne venant jamais seul, si tant est que partir du gouvernement est un malheur, il perd quelques semaines plus tard son épouse. Depuis, il est retourné à l’anonymat qu’il aurait souhaité ne jamais quitter. On n’a plus entendu parler de lui que lors de la succession du lamido de Maroua.
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE