Des histoires comme celle-là il y en a à remplir des catalogues. Des histoires vraies ou fausses sur des personnalités pressenties pour occuper une haute fonction puis, en fin de compte, coiffée sur le fil par un outsider qu’on n’attendait pas, pour des raisons que seul maîtrise en réalité le chef de l’Etat dans le secret et la solitude de son pouvoir discrétionnaire. On s’en gausse parfois. On s’en apitoie souvent. Mais cela fait partie du jeu. Il y a toujours beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Youssoufa Daouda en sait vraisemblablement quelque chose. Lui qui, de sources bien introduites, aurait tenu le bon bout dans la short-list des Premiers ministrables en Septembre 1996 avant que le vent ne tourne.
Ce come-back politique retentissant n’a donc pas eu lieu. Sa deuxième vie publique n’a donc pas commencé. Il faut dès lors dépoussiérer les souvenirs pour faire le film d’une première vie aux allures de long métrage passionnant
Youssoufa Daouda est né le 29 Septembre 1942 à Garoua Avec une intelligence au-dessus de la moyenne, il négocie sans accros ses études primaires et secondaires à Garoua et à Yaoundé avec au bout du cursus un baccalauréat en sciences expérimentales au Lycée Leclerc en 1962. La même année, il est reçu au concours d’entrée à l’Ecole fédérale supérieure d’Agriculture de Nkolbisson. Quatre années plus tard, ses études sont bouclées en beauté par le diplôme d’ingénieur agronome. Il peut dès lors effectuer le grand saut dans la vie professionnelle. Dans une manière d’acclimatation, il dirige la section de cultures vivrières à l’inspection agricole de ce qui est alors la province du Centre-Sud.
Il ira se bonifier davantage grâce à un stage de spécialisation en économie rurale de 1967 à 1969 à l’institut des Hautes Etudes
d’Economie Rurale de Paris.
Dès son retour au Cameroun en 1969, il va connaître une ascension irrésistible que presque rien ne va entraver. Ainsi après un détour comme chef de service et des études et de la coordination au secrétariat d’Etat au Développement rural. Son heure de gloire approche un jour de juin 1970 lorsqu’il est promu directeur de la jeunesse au ministère de la Jeunesse et des sports. Ce sera la rampe de lancement pour une aventure gouvernementale qui commence le 3 Juillet 1972. Youssoufa Daouda est nommé ministre de l’Elevage, des pêches et des industries animales. Il change de portefeuille en février 1973 pour hériter du département du Développement industriel et commercial. Il déménage deux années plus tard en prenant du galon dans la galaxie gouvernementale, car le 30 Juin 1975, il prend les clés du ministère de l’Economie et du plan. Il s’en ira plus tard prendre les commandes du ministère de la Fonction publique avant d’être promu pilote en chef de la Camair en sa qualité de directeur général de la compagnie nationale de transport aérien. Ce sera là son olympe politique.
Dans le sillage du changement à la tête de l’Etat, de nouvelles têtes apparaissent sous les projecteurs de la grande scène nationale. Youssoufa Daouda est donc mis en réserve de la République avant de goûter aux délices d’une retraite où il n’a pas à nourrir des regrets. H s’occupe depuis à faire fructifier « ses affaires » dans la capitale économique Douala.
Et, comme s’il avait résolu de ne pas disputer l’espace avec la nouvelle vague des gouvernants, il est très peu visible dans son département d’origine, le Mayo-Tsanaga même s’il se fait un devoir d’envoyer sa contribution financière à chacune des assemblées générales de l’Association pour le développement du Mayo-Tsanaga (Ademat).
Bienvenue a l’extrême-Nord
Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables
Aimé Robert BIHINA
Eric Benjamin LAMERE