L’Etat est le produit d’un contrat social entre le peuple et les dirigeants qui décident d’un com mun accord de sortir du désordre et de l’insécurité pour entrer dans une société politique, garante des libertés et droits civils et collectifs. Dans ses politiquespubliques, l’Etat peut adopter une position consistant à
suivre lui-même une politique publique ou à laisser le secteur privé s’en charger. Dans un cas, il nationalise. Dans l’autre il privatise.
Certains secteurs comme l’énergie ou l’eau sont attachés au souverain qui est leur premier dispensateur. L’on imagine mal un souverain qui ignore être celui qui doit garantir à ses citoyens la desserte en eau et en électricité, besoins basiques pour la vie. Si dans un pays comme les Etats unis, les américains se méfent de tout ce qui ce qui aurait tendance à renforcer l’Etat et risquerait d’empiéter sur les libertés individuelles, c’est par ce que ce peuple a conquis son indépendance par un acte de rébellion contre les taxes anglaises. Chez nous, c’est l’inverse. On pense que ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger que nous attendons notre diner, mais bien du soin qu’ils apportent à leur intérêt. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. Lorsqu’un entrepreneur crée de la richesse et des emplois, il est rarement animé par un souci philanthropique : c’est bien la recherche du profit, éventuellement de reconnaissance, qui sera le plus sûr guide de son action.
Les africains n’ont pas beaucoup lu Karl Marx, mais ses idées continuent de structurer une bonne partie de notre pensée. Notre société déife l’Etat et redoute la privatisation des ressources collectives de même qu’elle voit d’un bon œil la collectivisation des ressources privées. C’est pour cela que la privatisation de nos entreprises publiques ne pouvait pas prospérer. C’est la nationalisation de certains secteurs sensibles de l’économie qui peut nous préserver des dégâts de la marchandisation généralisée des
mots et des choses, de la nature et de la culture, des corps et des esprits. La logique marchande a construit une société porteuse de violence comme dans le flm « la mort du rat ». Le flm commence par une scène où on voit un directeur d’usine, mécontent du rendement de sa chaine de production, réprimander vertement son contremaitre.
Celui-ci s’en va remonter les bretelles à un ouvrier spécialisé sur la chaine de montage. Le travailleur rentrant chez lui est accueilli par son épouse au seuil de sa maison, mais il la repousse au moment où elle souhaite l’embrasser. Le fils de la famille trop bruyant fait les frais de la frustration ressentie par l’épouse éconduite, et reçoit une gifle violente. Le garçon fait payer le prix de sa colère au chat,
qui reçoit un violent coup de pied. Dernière victime, le rat bien sûr, qui se fait dévorer par un chat plus cruel que jamais. Ce qui se passe au Nord-Ouest et au Sud-Ouest aujourd’hui, ce sont les manifestations de la mort périphérique de l’Etat. La mort périphérique de l’Etat c’est cette maladie qui guette tous les Etats et qui se manifeste telque, le pouvoir est toujours menacé de perdre sa puissance dans les zones situées à la périphérie. Tout puissant au centre, il devient impotent à la périphérie. L’Etat ne survit de cela qu’en s’efforçant de garantir à tout le monde, centre, périphérie, des infrastructures de base tels
que l’eau, l’électricité, la santé. Ce n’est pas la logique marchande qui crée les conditions pour l’accès à l’eau, c’est l’Etat.